mercredi 16 avril 2014

Une pensée catholique et féministe sur l 'avortement .

Je suis catholique et féministe ce qui n'est pas courant ( en plus je suis un homme donc minoritaire dans les deux groupes cites ) . Je vais commencer par expliquer rapidement ce que ces deux termes signifient pour moi avant de tenter une convergence entre catholique et féministe sur un sujet de tensions entre ces groupes  a savoir l avortement .

Je suis catholique depuis mon enfance ( baptisé , confirmé , pratiquant ) . Je n aime pas trop me livrer personnellement mais je vais juste vous dire que pour moi ma foi est très importante et irrigue ma vie . Depuis tout petit mon engagement politique a pour moi été corrélé a ma foi en jésus-christ et pour moi le catholicisme est une foi avec un dogme ( ici pour les non-catholiques qui veulent avoir un résumé rapide du dogme http://www.encyclopedie-gratuite.fr/Definition/religion/crois-dieu.php ) mais aussi une manière de percevoir le monde en mettant toujours l humain et l amour pour la personne humaine en premier ( ah et a ceux qui voudraient me troller sur l inquisition , je réponds que ce n est pas parce que les apparatchiks soviétiques étaient très riches face a une population très pauvre que le communisme cessait d être a la base une volonté d'abolition des inégalités ) . Mon amour pour la personne humaine procède du fait que toute personne humaine contient une parcelle du divin et de ce fait a une dignité équivalente qui doit être préservée  ( la vie humaine commençant des la conception ).

Je suis feministe depuis 2 ans . Ce qui m a pousse a devenir féministe a été une lente prise de conscience du fait que les inégalités hommes-femmes restaient très vastes et que in fine dans notre société mieux valait a niveau socio-économique équivalent être un homme qu être une femme car les femmes subissent de nombreuses oppressions spécifiques ce que montre très bien ce petit film  (https://www.youtube.com/watch?v=kpfaza-Mw4I  ) et sont moins bien payées   .  De plus , les études de genre m ont fait prendre conscience que les qualités attribuées aux hommes et aux femmes étaient dans bien des cas des instruments de discrimination en faveur des hommes ( http://cafaitgenre.org/2014/04/03/caracteristiques-feminines-caracteristiques-masculines/#more-2443 ) avec l’idée que les hommes doivent  diriger ( on peut d'ailleurs noter que les garçons manques sont perçus bien plus positivement que les garçons efféminés peut-être parce que être une fille ayant des comportements ' masculins ' est vu comme une promotion alors qu être un garçon ayant des comportements ' féminins ' est vu comme une déchéance ) . J 'en profite pour noter rapidement que études de genre et catholicisme peuvent  converger meme d un point de vue catholique plus traditionaliste ce que montre ce post ( http://cafaitgenre.org/2014/04/09/ce-que-jaurais-voulu-entendre-a-15-ans/#more-2495 ) . Enfin , la découverte de ce qu'était la culture du viol ( un exemplehttp://leplus.nouvelobs.com/contribution/1159826-agressee-sexuellement-elle-se-fait-insulter-sur-son-blog-typique-de-la-culture-du-viol.html ) a renforce mon engagement féministe surtout après une expérience personnelle ( rien de grave mais un petit incident qui m a fait comprendre ce que vivaient de nombreuses femmes dans la rue )

Cependant , je ne crois pas que le sexe n ait aucune influence , je considère que les différences biologiques hommes-femmes ont un impact sur nos manières d appréhender le monde et que la maternité a aussi un impact sur la manière de comprendre le monde ( ne serait-ce que parce que notre rapport au corps impacte notre rapport au monde , or les corps féminins et masculins sont différents ) et si je suis partisan d une liberté de choix qui veut aussi dire que je trouve stupides les féministes affirmant qu une femme qui choisit de rester a la maison pour élever ses enfants est aliénée ( je pense juste que la société ne doit pas la pousser a agir dans un sens ou dans l autre ) . Je ne suis partisan de la suppression de la maternité pour les femmes et je pense au contraire que la société devrait juste faire en sorte que la maternité n ait pas de conséquences négatives sur les autres aspects de la vie d une femme qui a un enfant ( carrière bloquée par exemple )

Maintenant parlons de l avortement . Il y a 200000 avortements par an en France . Je considère que le foetus est une personne humaine et a ce titre je ne peux qu être hostile a l avortement . De plus tous sont d'accord pour dire que l avortement n est pas un événement positif pour une femme ( sans rentre dans le débat sur la souffrance post avortement nul ne dira que c'est un geste anodin ) et que donc le nombre d' avortements doit être limite ( je doute que un nombre d avortements plus élevé soit un objectif en soi pour les féministes )

 En même temps je suis hostile a toute exploitation du corps de la femme . Or je considère que la prostitution ou la GPA sont une exploitation du corps de la femme mais une grossesse non désirée est aussi une exploitation du corps de la femme . Certes au contraire de la gpa il s agit de l enfant de la femme . Cependant:
 1) je ne me vois pas obliger toutes les femmes faisant des GPA a avorter ( et je doute que les catholiques le veulent )
2) si la grossesse n a pas été volontaire du fait d un oubli de la part d un des deux membres du couple ou d un rapport sexuel non désiré ( ce qui est plus vaste que l image traditionnelle du viol dans une cave  ce que j expliquerai dans un article sur la culture du viol ) , je vois mal en quoi ce serait bien de forcer une femme a mener sa grossesse a terme alors que dans le cas d une GPA ce serait l'exploiter( dans les deux cas la femme mène une grossesse dont elle ne veut pas et son corps est donc exploite )

Ensuite , je conteste également le point de vue féministe consistant a dire que quand l'avortement est autorise , rembourse et pas trop mal vu par la société , la femme est libre de son choix .En effet , les filles mères deviennent plus mal vues que les femmes qui avortent et de nombreuses raisons ( socio économiques , idée que la mère qui abandonne son enfant serait une mauvaise mère etc ) poussent des femmes qui voudraient garder leur enfant a l avorter . La plupart des féministes oublient que la liberté de choix si on la soutient doit s exercer dans les deux sens et être une liberté réelle . En tant que féministe ceci ne me parait pas libère plus les femmes car elles obtiennent une liberté formelle mais n ont pas la liberté réelle qui va avec ( leur liberté de choix n en est pas une a cause de la société ) .

Alors quelles solutions ; développer plein de solutions alternatives a l avortement  comme l'orphelinat , l'accouchement sous x ou de  nombreuses aides pour les femmes qui élèvent seules leurs enfants ou pour les couples sans ressources financières ( ce qui nécessite des reformes vers plus de redistribution au niveau économique  ) , développement de toutes les méthodes de contraception a fond et dialogue entre pro choice et pro life pour ce simple constat ; une femme doit être libre d avorter ou non mais le fait d avoir un enfant ne doit pas aggraver sa situation et elle doit pouvoir garder l'enfant . De plus , le nombre d'avortements doit être réduit dans le long terme par tous les moyens indiques car l'avortement en soi n'est pas un acte positif mais il faut l'autoriser ( remonter a ma comparaison avec la GPA pour cela )

Voila et bon débat suis ouvert a toutes critiques non insultantes .

P. S ; pardonnez les fautes d 'accent mon clavier est un clavier qwerty .

9 commentaires:

  1. cette illustration traduit ce que j essaye de faire http://quatremotssurunclavier.files.wordpress.com/2013/06/fuanm.jpg

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  2. D'abord, mon compliment pour être devenu, vous homme et jeune, si vite féministe. Moi, je me reproche de ne pas l'avoir été assez dans ma vie de femme, par excessive confiance dans les progrès accomplis. Pour l'aliénation de la femme au foyer, ce ne sont pas les féministes qui le disent, mais toutes celles qui vivent mal la désocialisation que provoque le maintien au foyer; mon expérience m'a montré qu'il faut que le travail soit très pénible pour que les femmes préfèrent la maison. Et je crois que le fait que les féministes "désirent" que les femmes avortent est une absurdité martelée par les pro lifes; elles désirent juste que celles qui doivent avorter n'en soient pas punies directement ou indirectement, ce qui est assez différent. Je ne comprends absolument rien par contre à votre passage sur le viol, la GPA, etc…Quel rapport ? Pour les solutions…l'abandon programmé, qui obligerait la femme à vivre neuf mois avec l'enfant grandissant dans leur ventre est une immense violence (il ne faut pas parler de viol pour tout et rien); pour la contraception (surtout en direction des très jeunes femmes) vous avez mille fois raison, mais le dialogue entre pro choix et pro life est sans intérêt je crois. Les pro choix ont gagné, parce que leur combat était juste et qu'il est à présent largement approuvé. Reste à empêcher des régressions de tous ordres. Les pro lifes sont de vrais repoussoirs, discrédités par 40 ans d'horreurs et de perversité. Ce ne sont ni les uns ni les autres, mais l'Etat qui doit mener une grande campagne de santé publique, d'information et de prévention, de recherche, peut être aussi, de méthodes contraceptives toujours plus efficaces. Mais toute tentative de culpabilisation, voire d'insulte de femmes qui choisissent d'avorter doit être sévèrement réprimé. En bref, votre position me semble fort raisonnable; elle rejoint celle de l'ensemble des Français, comparable à celle des catholiques, comme l'indiquent les questionnaires qui remontent des paroisses : ils considèrent que la vie est présente dès la conception, mais n'admettraient pas la suppression de la loi Veil. Vous êtes donc…majoritaire ! Reste à convaincre votre Eglise…

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    1. Mon passage sur le viol et la GPA expliquait la raison qui me pousse à ne pas condamner l'avortement .
      Pour les femmes au foyer , les expériences que je connais sont différentes .
      Pour le dialogue , il est toujours utile et vous caricaturez en peu vite les pro-life , il y a des gens bien parmi eux .
      Enfin , je n'ai jamais dit que les féministes désirent que les femmes avortent mais qu'elles devraient dire que la réduction du nombre d'avortements est positive si elle ne s'accompagne pas d'une culpabilisation des femmes qui avortent .

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    2. Des gens bien…je cherche… des pro lifes qui n'usent pas de violence psychique envers des femmes fragilisées…Une bonne soeur écossaise, peut être, il y a des années. Mince bilan. Sinon, on en est là : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/05/02/propagande-google-supprime-des-publicites-pour-des-sites-anti-avortement/
      Et vous ne parlez pas des hommes au foyer ?
      Enfin, on reparlera de ce que vous dites à la fin quand la culpabilisation aura reculé…

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    3. Je ne connais pas beaucoup d'hommes au foyer mais je suis favorable bien entendu à ce que les hommes comme les femmes puissent choisir entre travailler ou rester au foyer sans pressions .
      Pour la culpabilisation et le dialogue , je pense qu'il faut avancer tous les dossiers en même temps sinon l'un des 2 camps y verra un marché de dupes .
      Pour les pro-life , il y a ce blog dont je connais l’animatrice , une femme que j'admire beaucoup http://www.afc.valdyerres.free.fr/?page_id=820

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  3. Je ne pense pas qu'il faille convaincre l'Eglise de quoi que ce soit. Son rôle est purement spirituel: c'est un garde-fou contre les dérives du progrès et des illuminés du scientisme, et c'est pourquoi elle ne doit pas suivre la modernité, mais rester vigilante, car elle considère l'Evangile comme irréfutable et intangible (le choix de certains passages plutôt que d'autres s'appelant une hérésie). Personnellement je suis un opposant radical à la loi Veil (qui mentionnait jusqu'à il y a peu le motif de détresse pour avorter), pour des raisons aussi bien sociologiques que complotistes

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    1. à alexandre perret : non certains passages de la Bible ne sont pas acceptables comme celui-ci qui appelle à la lapidation des femmes adultères et entre ma conscience de ce qui est bien au regard de Dieu et de mon humanisme et un passage de la Bible , je choisis la première option

      D'ailleurs ce n'est pas la voie que suit le christ dans ce passage : Jésus s’était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
      Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »
      Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
      Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »
      Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.
      Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Affirmerais-tu que jésus-christ était un hérétique ?
      Pour le garde-fou que doit constituer l'église contre des dérives du scientisme , je suis d'accord mais j'ai dit sur mon blog , les raisons qui me poussent à ne pas condamner l'avortment et tu ne donnes aucune raison allant dans l'autre sens . Pour le complotisme , je considère que c'est une tentative d'expliquer un monde complexe en le simplifiant sur un mode gentil-méchant et en désignant un groupe ( juifs , francs-maçon , CIA , opus dei , reptiliens etc ) comme responsable de tout ce qui va mal ( le sous-entendu étant qu'en mettant hors d'état de nuire ce petit groupe , tout le monde sera heureux ) . C'est stupide car aucun groupe ne contrôle tous les événements se passant dans le monde ou même une grande partie et qu'en plus cela nie la part des changements structurels ( sans compter qu'aucun complotiste n'a jamais pu avancer des preuves sérieuses qu'un groupe contrôle le monde et que globalement leurs discours appelant à la haine contre les "méchants " évanescents ont des effets concrets en terme d'augmentation du racisme et de la xénophobie ) . En effet les gens qui écoutent les discours complotistes en déduisent qu'il faut liquider les " comploteurs " et ça aboutit en chasse aux sorcières si les" comploteurs" ne sont pas connus ( françs-maçons par exemple ) et en massacre si les " comploteurs " sont identifiables ( les pogroms contre les juifs accusés d'avoir infesté les puits sont un très bon exemple ) pour éviter de prendre en compte les vrais tedances dans le monde en expliquant que tout est décidé par les "comploteurs " http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/250713/tous-les-cliches-du-complotisme
      http://www.nioutaik.fr/index.php/2013/05/17/648-top-6-des-theories-du-complot-les-plus-ridicules-du-monde

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  4. Etait ce ce que voulait dire votre interlocuteur ? Ça me paraît peu clair.

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  5. Bon, je vais re-essayer de commenter aujourd'hui, peut être que ça va marcher è-é

    Je suis tout à fait d'accord avec le fait que les femmes doivent avoir le choix d'avorter ou de garder l'enfant. De toute façon c'est exactement ce que "pro-choix" veut dire, y'a pas de "pro-IVG" qui demandent à toutes les femmes d'avorter _(_ _)_ !

    Néanmoins je ne pense pas qu'une meilleure information sur la contraception associée à une plus forte valorisation du rôle de la mère conduirait à une diminution des avortements.

    D'une part, la majorité des avortements sont dû à un échec de contraception.
    Si on considère que les méthodes de contraception sont efficaces à 99%, et qu'on prend l'exemple d'une femme ayant eu une sexualité hétéro sans contraception (mon arrière grand mère) ayant eu 13 enfants, et qu'on considère qu'une femme sur trois avorte, ça fait un avortement sur 39 potentiels enfants, donc 2,5%. (Considérant que pendant les 9ans et 9mois pendant lesquels elle était enceinte elle ne pouvait pas re-tomber enceinte, ce qui fausse le calcul) Ce calcul basé sur mon arrière grand mère n'est pas très scientifique mais il montre qu'à priori la contraception joue assez bien le rôle qu'on peut attendre d'elle, il n'y a pas une grosse marge d'amélioration.

    Point 2: des filles qui ne savent vraiment pas comment fonctionne la contraception chimique, j'en ai vu (en particulier quand j'étais au CFA). Ces filles venaient de milieux populaires, n'avaient pas un haut niveau d'étude et \^-^/ => menaient leurs grossesses à terme ! (6 filles sur l'ensemble de l'établissement d'une centaine d'élèves ont eu un enfant sur la même année) Ce qui est logique puisque moins les filles sont instruites, plus elles vivent dans un milieu pauvre, et plus le rôle de mère y est valorisé. Pour avoir vécu longtemps dans un milieu HLM je n'ai pas eu l'impression que les difficultés économiques poussent les filles à avorter. Et au niveau mondial on peut constater aussi que c'est dans les pays pauvres qu'on fait le plus d'enfants et dans les pays où le niveau d'éducation est le plus élevé qu'on fait le moins d'enfants. En changeant de milieu entre HLM, fac, formation professionnelle pour adulte, j'ai pu constater que la même chose se produit en France.

    Par conséquence, plus on va éduquer les filles et plus elles sauront se préserver de la grossesse par la contraception mais également plus elles avorteront car elles ne veulent pas d'enfant, là où une fille moins éduqué tombera plus souvent enceinte mais aura tendance à choisir d'avoir trois ou quatre enfants.
    Logiquement, en observant un peu se qui se passe dans les différents milieux socio et à l'étranger, si on augmente l'éducation des filles le nombre d'avortement devrait rester sensiblement le même et le taux de fécondité devrait baisser.

    Il y a un phénomène observable selon lequel nous savons comment faire baisser le taux de fécondité d'une population: éducation et émancipation des filles. Mais pour faire remonter le taux de fécondité dans un pays très éduqué, d'un bon niveau économique et en paix, là on sait pas trop. Entre valorisation du rôle de la mère et allègement de ce rôle par les solutions de garde et les aides financières, on hésite.

    Il y a une réelle "non envie d'enfant" qui apparaît dès que les conditions sont suffisamment bonnes pour que d'autres choix de vie deviennent possibles. Il me semble donc que c'est un non-sens de penser qu'on va diminuer les avortements en améliorant l'accès au choix. Puisque justement, plus on a le choix et plus on a de choix (au pluriel) et moins on choisi la voie de la parentalité.

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