samedi 21 novembre 2015

Sur la liberté religieuse, la tolérance religieuse et l'intolérance religieuse.

Comment définir ces concepts ?

En premier lieu, ils s'appliquent pour toutes les religions. On m'objectera que les religions monothéistes seraient plus intolérantes que les autres car croyant à un Deu unique et à une Vérité Révélée. Il est vrai que les autres religions sont plus tolérantes ... tant qu'elles ne se retrouvent pas confrontées à des religions perçues comme radicalement autres et:ou remettant en cause la structures sociale et l'ordre cosmologique qu'elles défendent dans ses fondamentaux (l'Empire romain n'a pas été si tolérant par rapport au christianisme pour donner l'exemple canonique).

L'intolérance religieuse est un concept simple : Nous avons la vérité et tous doivent être sauvés. Ceci doit être imposé par la société et:ou l'Etat ou le pouvoir politique. Dans les faits, une intolérance religieuse pure c'est à dire interdisant toute religions minoritaire arrive très rarement à s'imposer. Cela étant des cas actuels peuvent être donnés par l'Arabie Saoudite (qui a en réalité de fortes minorités religieuses chrétiennes et chiites voire hindoues mais qui ne les reconnait pas comme existantes) ou pour la Corée du Nord(où on ne peut appartenir à un ereligion). Cela a été le cas au Bhoutan pendant longtemps, pendant l'Afghanistan des talibans et pendant une durée importante en Espagne. Cela étant, une intolérance religieuse s'exerce dans de très nombreux pays à l'égard de certaines religions sans qu'ils s'agisse d'une intolérance religieuse sur toutes les religions. Le cas méconnu dont je voudrais parler est celui de l'athéisme qui n'est pas une religion mais qui est de facto une attitude active au sujet de l'existence de Dieu ou des dieux (pour affirmer leur non-existence) et qui est puni de peine de mort dans quelques nombre de pays du monde (qui pourtant n'interdisent pas toutes les religions à l'exception de celles dominante). http://www.levif.be/actualite/international/les-athees-risquent-la-peine-de-mort-dans-13-pays/article-normal-55135.html.

Le second système est celui de la tolérance religieuse. Une religion est vue comme étant la religion "vraie" ou"normale" et d'autres sont tolérées. C'est à dire qu'elles ont un statut majoritaire qui se manifeste par des mesures plus ou moins importantes allant de mesures "soft" (une inscription dans la Constitution ou la fonction de chef de l'Etat réservé à la religion dominante). à des mesures beaucoup plus oppressives comme l'interdiction pour les religions "tolérées" de convertir des membres de la religion dominante l'inverse étant souvent vu comme louable et encouragé mais sans conversion forcée  On peut penser historiquement à la place  des juifs dans l'Europe chrétienne en dehors des moments de fortes persécution (lire la partie sur Moyen Age et Renaissance https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_juda%C3%AFsme_et_christianisme#Moyen_.C3.82ge_et_Renaissance) et de basculement dans l'intolérance religieuse telle que définie au premier chapitre, ou au statut de dhimmi pour les juifs, les chrétiens, les zoroastriens et les hindous dans le monde musulman (lire tout sauf le dernier chapitre https://fr.wikipedia.org/wiki/Dhimmi) ou la situation des protestants . Cette "tolérance" peut se rajouter à des questions ethniques, la religion dominante étant celle de l'ethnie dominante et les ethnies dominées pouvant pratiquer la religion qu'elles veulent (leur religion "ethnique" le plus souvent) alors que les membres de l'ethnie dominante doivent être de la religion dominante (cas de la Malaisie, de la Thaïlande, du Sri Lanka ou de la Russie, je pense). Ceci peut aller jusqu'à une intolérance religieuse extrême mais il y a plus l'idée d'éradiquer le groupe ethnique dominé (et donc sa religion) que de le convertir (je ne sais pas si ce qui s'est passé au Sri Lanka peut y être rapporté). à contrario le Pakistan est un cas de "tolérance" religieuse non liée à un facteur ethnique (et qui est souvent un pays plus d'intolérance religieuse avec des conversions forcées). Il est à noter le cas du Liban, cas de forte "tolérance" religieuse sans religion dominante mais juste de "tolérance" religieuse  (on ne peut pas vraiment se convertir d'une religion à une autre publiquement). Ce post a en partie été fait pour expliquer pourquoi le statut de "tolérance"religieuse me gêne. La tolérance religieuse(j'enlève les guillemets) instaure une inégalité entre les religions. Il faut la défendre quand il y a de l'intolérance religieuse et elle a marqué un progrès dans ces cas. Mais elle reste non positive en soi. Je combattrais donc idéologiquement toujours ceux qui veulent son rétablissement ou sa préservation.

Enfin, la liberté religieuse : je la définis comme le fait de pouvoir adhérer publiquement à la religion de son choix ou à aucune sans contrainte extérieure violente et avec la sanction de contraintes extérieures violentes émanant d'individus privés. Elle existe dans peu de pays, et doit être chérie et préservée. Elle est un but à atteindre ecar elle seule permet à l'homme, la liberté d'expression de sa conscience. Cependant, j'aimerais revenir sur quelquechose : la liberté religieuse ne signifie pas forcément considérer que toutes les religions se valent ou renoncer à tenter de convertir le monde à sa religion.
Je considère ma religion comme étant celle qui est vraie et j'espère que tout le monde finira par y croire. Je rêve donc d'un monde dans lequel tous seront catholiques. Cependant, ce monde ne devra pas avoir de références de la part du pouvoir politique au christianisme et tout le monde devrait pouvoir fonder une nouvelle religion, quitter le catholicisme pour une autre religion ou devenir athée sans contrainte extérieure. Je considère comme triste le fait que des gens quittent ma religion pour une autre ou pour l'athéisme ou l'agnosticisme. Mais je considère que je devrais lutter contre une mesure interdisant cela de toutes mes forces ou contre une contrainte extérieure violente interdisant cela si je le peux.

Voilà ce que j'ai à dire sur ces notions.

mardi 17 novembre 2015

 J’écris ceci pour analyser l’attentat de vendredi.

Déjà il y a eu le choc. Apprendre cela, vendredi soir après une semaine de stage. Apprendre que des personnes que je connaissais y étaient (personne de ceux que je connaissais n’était parmi les morts ou les blessés, je vous rassure).

Le choc ne doit pas nous empêcher de réfléchir et d'analyser la situation. L’EIIL est une organisation terroriste née d’une scission d’Al Qaeda en Irak et en Syrie. Elle recrute d'ex cadres djihadistes d'Al Qaeda ou de Tchétchénie, des anciens officiers bassistes irakiens en quête de revanche, des petites mains paumées venant d'Europe et une partie de la population sunnite d'Irak et du Yémen qui considère l'EIIL comme les héros du sunnisme face au chiisme. La France s'est engagée dans une coalition internationale contre l'EIIL menée par les USA , ceux-ci répliquant en frappant les pays qui les attaquent. Elle adhère à une idéologie wahhabite radicale, massacre les minorités religieuses ( chrétiens , yézidis et chiites) ainsi que tous les opposants à leur idéologie qui repose sur une vision théocratique de la société , une forte oppression des femmes et une vision apocalyptique voyant un combat final comme proche entre les "bons" (eux pour eux) et les "méchants" (tous les autres).

Leur but ; frapper la France pour qu'elle se retire de la coalition et fracturer la société française pour pouvoir y recruter plus.

Une première réaction a été celle de l'extrême gauche (au sens des partis plus à gauche que le Front de gauche) qui ont lâché un "vos guerres, nos morts". Ce message peut se voir de deux manières : pour l'aile la plus respectable de cette extrême gauche c'est une analyse des conflits au Moyen-Orient comme liée aux interventions occidentales. Je suis intéressé par cela et prêt à en débattre mais il y a une différence entre ce qui a mené à la situation actuelle et la situation actuelle. Actuellement, Daech qui mène une politique monstrueuse doit être combattu d'autant que des forces conformes aux valeurs que la France défend les combattent (les groupes kurdes qui viennent d'ailleurs de libérer Sinjar ou la frange laïque de l'armée syrienne libre). Dans ce contexte que la France les soutienne est très positif. Passons sur ceux qui ont une lecture strictement de classe du monde (que je comprends et qui est cohérente même si je ne l'approuve pas). Ceux que je critique le plus (qui d'ailleurs pour certains ne sont pas d'extrême gauche mais sont des racialistes d'extrême droite avec une lecture ethnico-religieuse de la société) sont ceux qui ont une lecture en mode "oui mais c'est la faute au colonialisme et aux interventions occidentales contre les peuples et à l'oppression de l'islam ". Je suis en désaccord pour les raisons évoquées, pour le fait que  pour le fait que je ne vois pas très bien ce qu'ils proposent , pour le fait que je suis  en désaccord avec leur lecture géopolitique que je considère qu'ils alimentent un choc des civilisations qu'ils dénoncent et par le fait qu'ils manquent de cohérence. En effet, une partie de ces organisations compare la situation des minorités ethniques en France à l'Afrique du Sud (ou aux USA de la ségrégation où à l'Algérie colonisée) en disant que c'est globalement pareil. Dans ce cas, si vous considérez qu'il y a une oppression aussi forte, vous devriez considérer que la lutte violente contre cela est légitime y compris par le biais d'attentats. Ou alors vous reconnaissez que votre comparaison était boiteuse et ne servait qu'à alimenter la haine sans que vous en assumiez les conséquences. Oui la lutte armée contre l'oppression est légitime (sans être souhaitable pour autant) dans certains cas (une lutte armée des chrétiens au Pakistan serait légitime, la lutte des karen ou des rohingya en Birmanie est légitime, la lutte armée des ouighours est légitime comme l'était celle des Sud-Soudanais). Mais elle est légitime dans ces contextes très spécifiques d’oppressions extrêmement lourdes. Il y a des gros problèmes de racisme en France et il y a d’encore plus gros problèmes de fracture sociale liées aux inégalités sociales mais est ce que quelqu’un pense sincèrement qu’il s'agit de ce type de situation d'oppression ? Enfin, cette révolte est légitime si ce qui est instauré ne prévoit pas d'être pire mais là on est tous d'accord.

En second lieu, il y a la réaction de l'extrême droite et de la droite la plus dure. Celle-ci est simple : "c'est la faute aux musulmans, l'islam est intrinsèquement violent etc". Passons sur la réification de l'islam en un gros bloc. Je connais mal l'islam. Je suis en train de lire le Coran et de me renseigner sur les débuts de l'islam via des conseils de lecture que m'ont donné des amis et des amies. Cela étant, outre que cette réaction a une vision qui confond déjà arabes , étrangers , musulmans et djihadistes dans un gros sac présenté pour faire peur, elle amène à une logique du choc des civilisations , la même que celle dont rêve Daech. Elle joue leur jeu consciemment, leur permet de dire qu’ils représentent le milliard de musulmans. Elle amène à une logique de guerre mondiale (si vous voulez ça très bien mais moi non). Elle amène à se définir en termes de nous contre eux. Elle nous amène à renoncer à l'universalité et à la définition d'une humanité une et ayant un destin commun. Elle repose sur une vision ethnico-religieuse du monde (je précise que je ne confonds pas cette vision avec celle de personnes athées considérant que l'islam est mauvais mais n'étant pas dans cette vision de choc des civilisations comme Waleed-al- Husseini). Sur l'islam, je parle juste via mon expérience. J'ai des amis et des amies musulmans et musulmanes. Ils considèrent leur religion comme liée à des valeurs de paix et d'humanisme. Vous pouvez nier cela, on peut en débattre mais pour l'instant je n'ai encore rien vu me permettant d'invalider cela dans ce qu'ils m'ont dit. Au passage, si vous voulez lutter contre Daech, soutenez les musulmans qui luttent contre le discours de Daech sur leterrain. Ou alors peut être que combattre Daech n’est pas votre priorité.

Après avoir épinglé des réactions qui sont pour une part d'entre elles celles d'alliés objectifs de Daech, les solutions :

Je voudrais qu'on arrête les relations avec l'Arabie Saoudite qui soutient des groupes djihadistes e qui a peu de différence dans les règles qu'elle applique avec celles qu'applique Daech. On doit exiger de la Turquie et du Qatar qu'ils arrêtent de soutenir des groupes liés à Al Qaeda et de la Turquie qu'elle arrête de frapper les groupes kurdes qui combattent Daech. On doit soutenir par des armes, de la logistique et des forces spéciales, les groupes kurdes qui combattent Daech, qui ont repris Sinjar et qui se battent pour une Syrie sans Daech et sans la dictature. Pourquoi ne pas frapper d’autres régimes terribles dans le monde ? C'est moche mais je dirais realpolitik. On ne peut pas taper directement des alliés de la Chine ou de la Russie sauf à provoquer une guerre nucléaire catastrophique pour toute l’humanité alors qu'on peut faire cela avec l'Arabie Saoudite. Garder la France unie sans céder à la division. Et combattre idéologiquement leur discours en créant un autre horizon d'attente idéologique et en montrant qu'on peut changer un monde qui va mal sans rejoindre ce genre de groupe.


Personnellement enfin, je prie pour que Dieu accueille les victimes en son paradis. Je prie pour que les terroristes morts se repentent de leurs crimes et soient donc aussi sauvés. Je prie pour un monde libéré de la haine et de la guerre. Voilà.  

vendredi 13 novembre 2015

Je reproduis un extrait de l'excellent livre Encarté! d'Achraf Ben Brahim qui définit très bioen le personnage de Jean-Luc Mélenchon 

Le tribun rouge, le Georges Marchais 2.0 comme on aimait le surnommer ne laissait jamais insensible.
Là où la plupart des personnalités politiques se plaisent à prononcer des discours écrit par un assistant parlementaire au dents longues, lui écrivait les siens lui-même. Là où la plupart des personnalités politiques passent leurs temps à citer des hommes et femmes historiques pour essayer de se draper d'une vertu qui n'est pas la leur, lui préfère expliquer les différentes lois et problématiques nationaux. De ce fait, je trouvais beaucoup plus instructif d'écouter ce dernier, car à la fin, j'étais au moins sur d'apprendre un fait nouveau. Le succès de Jean-Luc Mélenchon ne se résume néanmoins pas à ses prouesses tribunitiennes mais à la teneur de ses arguments. Il savait insuffler l'espoir, l'alternative , le changement là où bon nombre de nos élus se contentent de prôner la résignation qu'ils ont l'audace d'assimiler à du courage lorsqu'il s'agit d'augmenter l'age de départ à la retraite ou le taux de la TVA. Même s'il a passé une trentaine d'années au PS, il a eu le courage de le quitter plutôt que de sombrer avec ce dernier au moment où il devenait un parti social-démocrate tout en se lançant quasi-seul dans l'arène présidentielle, au cours de laquelle on l'a moqué après lui avoir prédit 3%. Contrairement à la soi-disante gauche du PS incarné par Benoit Hamon, Aurélie Filippetti ou Jean-Marc Germain, en désaccord avec la politique mené mais qui pour rien au monde ne quitteront la maison-mère de peur de perdre leur mandat. Je me reconnaissais aussi dans son engagement car il a un parcours politique cohérent et pour le moins quasi-miraculeux. C'était l'un des rares cadres du Parti Socialiste qui a connu la précarité militante, à savoir être en bas de l’échelle et distribuer des tracts ou faire de la manutention afin d'organiser réunions et congrès alors que des Dominique Strauss-Kahn ou François Hollande n'ont eu qu'à confortablement s'asseoir sur les chaises des plateaux de télévision, parlant de socialisme après avoir terminé HEC et l'ENA. Je me sentais également proche de son parcours personnel. Lui-même pied noir marocain, il comprenait la douleur du départ et le mépris qui accueille l'immigré qui arrive en France. Idem pour ses activités extra-politique. Ni conflit d’intérêt, ni activité de conseil ou de société d'économie mixte, c'est un homme d'honneur et droit sur le plan de l’honnêteté. Les droits d'auteur de ses livres sont reversés à son association politique pour qu'elle puisse éditer de nouveaux écrits. De condition modeste et tour à tour pompiste, pigiste, correcteur typographique, il savait la bataille quotidienne des millions de français pour essayer de vivre dignement. Il avait pour toutes ces raisons, mon admiration sur le plan humain. Pour autant je n'étais pas aveugle ou enfermé dans une Mélenchon-mania qui m'empêcherait de formuler des critiques à son encontre. La première est historique : son vote favorable au traité de Maastricht qui a progressivement conduit au déclin de l'Europe via le libre-échange et la fin des frontières. Il s'en justifiera en affirmant avoir pensé que ce traité « clouerait la main des allemands sur la table » et empêcherait la spéculation contre la monnaie en reprenant la citation de François Mitterrand. Mais il a tout de même compris son erreur et a fait campagne contre le non en 2005 lors de la constitution européenne alors que le PS faisait campagne pour le oui. Je suis également en opposition avec son acharnement à l'encontre du Front National. Il a commis une erreur en se parachutant à Henin-Beaumont car Marine Le Pen y avait un encrage contrairement à ce dernier, donnant l'image d'un candidat hanté par le Front National. Il aurait du éviter les provocations et les invectives à l'encontre du parti frontiste. Idem lorsqu'il a manifester son intérêt pour être nommé Premier Ministre de François Hollande, cela n'a fait qu’aggraver son image de «rabatteur de voix pour le parti socialiste comme me l'ont confié plusieurs militant du NPA et de Lutte Ouvrière. Tout cela discrédite son image. Image qui,comme tout le monde le sait, est sujet à de régulières controverses et fait de lui la cible préféré des JT. Pour moi, l'image de Jean-Luc Mélenchon est tantôt catastrophique tantôt au beau fixe, si bien qu'il y a deux sortes de Mélenchon. En premier lieu, il y a un Mélenchon brillant orateur, brillant ministre comme l'atteste son passage à la tête de l'enseignement professionnelle, brillant intellectuel : il a écrit plus de seize livres mais surtout polyvalent : vous pouviez parler avec lui des mécanismes de la III eme république tout comme de littérature ou de philosophie. C'est d'ailleurs pour cela qu'il introduit souvent de la poésie dans ses discours. C'est à la fois beau et problématique car il a tendance à confondre le pamphlet avec le réalité aride et technocrate de la politique. Ce Mélenchon- là plaisait énormément au « Bobo » et autre romantique, versé dans une sorte d'humanisme chic plus qu'autre chose, Clémentine Autain en est la représentation parfaite. C'est d'ailleurs pour cela qu'il l'a prise comme porte-parole en 2012. Mais ce Mélenchon-là est trop souvent rattrapé par un caractère colérique, comme en atteste ses altercation avec divers journalistes ou un militant frontiste à Hénin-Beaumont qu'il a traité de « gros imbécile » et de « crétin ». « J'ai un caractère passionné » se justifie t-il. Mais cela dépasse la passion, à tel point qu'il supporte rarement la contradiction, ce qui l'éloigne d'un électorat comme la classe moyenne qui peut être convaincu par son discours mais qu'il refroidit par ses ardeurs et un vocabulaire frisant parfois le populisme comme « Il faut donner un coup de balai ! » ou « qu'ils s'en aillent tous ». Il s'en justifie là encore par un « Je parle comme tout le monde ». Certes, mais en tant que représentant politique aspirant à gouverner le pays, les français s'attendent justement à le voir aller au delà du français lambda parlant au café du coin, et à adopter une posture un peu plus responsable et sérieuse, quitte à ne pas répondre aux provocations et autres caricatures qu'il qualifie parfois de « saloperie » comme ceux de Plantu. Prendre de la hauteur, c'est ce qui manquait surement le plus à Jean-Luc Mélenchon. Pour ma part, si j'étais convaincu que ce dernier pouvait faire un bon maire, un bon député, voir un bon ministre car sincère et réellement désireux d'améliorer le quotidien de ses concitoyens, j'étais au moins sur d'une chose: il ne sera jamais président de la république. Pourquoi ? Car ce n'est pas son ambition. Ne sera pas président celui qui ne sacrifie pas sa vie et ses principes sur l'autel de cette ambition. Ambition qui ne se révèle pas du jour au lendemain, il faut être quasi-obsédé par ce poste, jusqu'à ne vivre que pour ça et faire en sorte que sa propre vie ne tourne qu'autour de ça comme c'était le cas pour Nicolas Sarkozy. Mais de toute façon, l'ambition de Jean-Luc Mélenchon, ce n'est pas l'Elysée. Ni la célébrité et encore moins l'argent ou le matériel. Non, ce que désire Jean-Luc Mélenchon, c'est rentrer dans l'histoire. Il rêve d’être de ceux qui ont battit la république et renversé la monarchie. C'est pourquoi il est un passionné de la révolution, que ce soit celle de 1987 voir contemporaine, comme celles en Tunisie ou en Amérique du Sud où il se rend souvent. Il aime se revendiquer héritier des lumières, ce qui explique qu'à plusieurs reprises, il déclamera « Nous, les philosophes des lumières » en parlant de l'éducation. Idem lorsqu'il s'agit de parler des grandes figures de la gauche comme Jaurès, qu'il englobe en un « les nôtres ». Sa nostalgie le mène à parfois se voir en révolutionnaire exalté, voyant des privilégiés un peu partout. Par exemple, lorsqu'il reçoit le prix trombinoscope de la révélation politique de l'année en 2011, il assène un « Comme c'est émouvant, pour le roturier que je suis, de figurer parmi la noblesse de l'entre-soi et de voir rassemblé dans une même salle, ceux dont je souhaite si ardemment le départ », provoquant les rires d'un parterre composé de Jerome Cahuzac, Christophe barbier ou encore Laurent Joffrin réunie dans le prestigieux hôtel Lassay dans le VII eme arrondissement parisien. Mais le temps des nobliaux et des privilèges qu'il de transposait à la finance et au fameux riches est révolue. C'est surement pour laquelle les français s’intéresse peu à la « révolution citoyenne » ou à la « révolution fiscale » qu'il essaye de mettre en avant. Idem pour les sujets qu'il veut rendre visible comme l'économie de la mer ou la sixième république qu'il défend toujours via le lancement en octobre 2014 de la pétition en ligne « je signe pour la sixième république », appelant les français de toutes tendances politiques à demander l’élection d'une assemblée constituante pour écrire une nouvelle constitution. Il croit en ses idées et ne démord pas mais à long terme, je ne crains qu'il ne soit condamné à se faire des illusions sur lui-même."

mardi 3 novembre 2015

                                                  Hommage à Yal.





Aujourd’hui a lieu la cérémonie pour dire au revoir à Yal. à Bruxelles. Je n'y suis pas mais je voudrais dire à Yal que je me souviens de notre après-midi où tu m'as parlé de ta vie , de tes œuvres et de ton engagement politique. Je me souviens de ton humanisme et de ta sympathie , de la richesse de ta vie et du lien que tu tissais entre tes paroles et tes idées. Je me souviens que nous avions parlé de Norman Spinrad , de Frank Herbert et d'Ursula K le Guin

Je me souviens de Parleur ou Chroniques d'un rêve enclavé, le livre que tu m'as dédicacé. Parleur (dont je me suis toujours demandé quelle part de toi tu avais mise en lui ) va suivre les poèmes de Karel (dont je me suis demandé si il ne faut pas enlever le e pour comprendre le message philosophique et politique du texte). Il va arriver sur la Colline quartier spécifique et frondeur d'une ville où Karel vivait et écrivait avant d'être exécuté. Là , il va tenter de bâtir pas à pas et dans la non-violence l'utopie dont rêvait Karel face à une monarchie autoritaire et à d'autres adversaires (le Dogme et la Ghilde). Il y a des références historiques (notamment à la Commune ou au soulèvement des canuts peut être) et la tentative d'élaboration d'une fragile utopie. C'est de la fantasy sans magie et sans créatures magiques. C'est un portrait tendre de la gauche radicale et de l'extrême gauche dans toutes ses nuances . C'est une oeuvre dont les citations claquent comme des drapeaux et restent gravées dans les mémoires. C'est une oeuvre pleine d'espoir malgré la défaite et qui met en place une réflexion sur la non-violence. Lisez le même sans être d'accord avec lui car il décrit également bien des personnages et résume d'un point de vue acéré un monde que si vous êtes en franc désaccord avec ses idées vous ne connaissez pas forcément et pour le profond humanisme qui émane des personnages. Parleur est pour moi le meilleur texte de Yal (dont le reste de l'oeuvre vaut aussi le coup d’œil d'ailleurs). 

Quelques citations pour vous mettre dans l'ambiance 

"C’est à l’Homme seul qu’il revient d’assurer l’égalité entre les Hommes et il ne doit pas le faire en offrant les mêmes chances à chacun, mais en veillant à ce que tous jouissent des mêmes avantages, jusqu’au plus malchanceux.
"

"La réalité, c’est que nous partageons le même monde, mais qu’ils l’ont scindé en deux parts formidablement inégales. Ils sont tout-puissants, c’est vrai, pourtant nous les intéressons... et pas qu’un peu ! Leurs écus, leurs châteaux, leurs bateaux, leurs armées, leurs beaux vêtements, leurs beuveries, leurs ripailles, ils nous doivent tout ! Jusqu’au plaisir que certains prennent à nous maltraiter. Tout ce qu’ils possèdent et tout ce qu’ils font provient de notre sueur. Même ce qu’ils ressentent, car leurs émotions seraient bien différentes s’ils devaient connaître ne serait-ce qu’un dixième de nos préoccupations. 
Voilà pourquoi nous ne sommes pas impuissants.
"

"— Bordel de merde ! Il est intolérable que des milliers crèvent de faim pendant qu’une poignée s’empiffre et donne les restes à ses chiens ! Il est intolérable que des milliers meurent à la guerre pendant qu’une poignée joue à la guerre depuis ses lointains châteaux ! Il est intolérable de trimer quinze heures par jour dans les champs pour les miettes que laisseront ceux qui ne font que l’effort d’empocher la récolte ! Il est intolérable de trembler de peur ! de grelotter de froid ! de souffrir de tortures ! d’enfanter de viols ! Il est intolérable de consacrer son existence à la seule survie, pendant que d’autres peuvent briser n’importe quelle vie sur un caprice, et qu’ils ne s’en privent pas !
"
"Si le monde ne te convient pas tu n'as qu'à le changer "


Enfin, je repense aux phrases de Karel sur la mort. :

 "On ne devrait jamais mourir quand il existe quelque chose de beau. La mort enlaidit tout". 

"On ne  pleure pas les morts , on pleure ce qu'ils ont l'audace de nous prendre en s'en allant, un peu de tendresse et beaucoup d’égoïsme". 

Adieu Yal : Je sais que tu ne croyais pas en Dieu mais j'espère que nous nous reverrons au Paradis où je suis sûr que tu seras. Adieu Yal. Je prie pour toi et nous continuerons notre discussion là bas.