dimanche 16 avril 2017

Cette élection se déroule dans un contexte particulier.

Un président François Hollande extrêmement impopulaire qui ne se présente pas (cas unique dans l'histoire de la 5ème République si l'on excepte le cas très particulier du général De Gaulle). Le tout dans un quinquennat marqué par un virage à droite du PS devenu un parti ouvertement social libéral ce qui n'a pas manqué de le déchirer et de briser les restes de l'unité de la gauche (ce qui ne se voyait encore pas trop aux élections locales, élections locales qui marquaient la partition de la France entre une petit tiers d'électeurs FN , un gros quart d'électeurs de LR UDI Modem et un gros tiers de PS, EELV et FG , le PS représentant les deux tiers de ce bloc). Dans un quinquennat marqué par les plus lourdes attaques terroristes qu'aient jamais connues la France qui ont ouvertes une séquence très particulière et amenée probablement et malheureusement à se prolonger. Une présidentielle qui s'annonçait dès le début hors normes

Partons du bloc le plus stable, le Front national. Nous avons affaire à un parti d'extrême droite divisé en deux lignes : la première peu marquée sur le sociétal , assimilationniste d'une manière dure , xénophobe et opposée à toute immigration et ayant un aspect étatiste et un volet social en économie (même si le programme reste très ambigu ) est celle national populiste de Phillippot. La seconde libérale économiquement , très conservatrice sur le plan sociétal et identitaire c'est à dire considérant que les seuls français sont les blancs ou qu'en tout cas la majorité des français doivent l'être est incarnée par Marion Maréchal Le Pen. La culture du chef a permis de mettre en sourdine ces tensions mais elles s'aiguisent . Le FN a progressé de 18 , 5 à 30 pour cent des voix mais a peu progressé en électeurs . Certes , l'abstention est différentielle selon les élections mais si l'électorat FN était très mobilisé à chaque élection cela pourrait lui poser un problème pour les présidentielles du fait du manque de réserves de voix. Le FN souffre aussi du fait qu'il est le parti auquel les français sont le plus opposés et de son incapacité à trouver des alliés et se voit directement concurrencé par l'appel au peuple de Jean-Luc Mélenchon (ainsi que par la posture anti-système d'Emmanuel Macron ce qui s'est traduit par un lent déclin dans les sondages) . Pour le FN , le but est d'arriver au second tour et de faire au second tour entre 40 et 45 pour cent. Dans ce contexte, il pourrait se présenter comme le seul parti d'opposition et reconstruire un système bipolaire dont il serait l'un des deux partis garantie d'arriver au pouvoir à long terme (surtout si LR ne passe pas au premier tour et explose). Tout autre résultat ferait sortir les couteaux entre les deux ailes et freinerait la résistible ascension du FN.  http://www.slate.fr/story/139616/le-front-national-t-il-remporte-la-bataille-culturelle

LR , le principal parti de droite a décidé d'miter le PS en 2011 et a mis en place une primaire. Celle -ci a sorti l'ancien président de la République , Nicolas Sarkozy et le second tour entre Juppé et Fillon a vu le camp Juppé , paniqué , sortir que Fillon était un ultra libéral et un intégriste catholique. Cela est vrai concernant le libéralisme (pour le catholicisme Fillon s'appuie sur un catholicisme très conservateur mais non intégriste). La synthèse libérale conservatrice de François Fillon a exceptionnellement parlé à l'électorat profond de la droite mais s'est révélée désastreuse auprès d'un électorat plus centriste. Cela conjugué à une mise en exergue du caractère libéral des propositions de Fillon dans le domaine de la santé avait déja suffisamment affaibli sa candidature. Une série de scandales sur lequel je ne crois pas devoir revenir mettant en exergue une certaine propension à confondre deniers publics et personnels ainsi qu'un rapport à l'argent pour le moins différent des préoccupations des Français a fait plonger Fillon dans les sondages . Déjouant une tentative de putsch organisée par les barons de son parti grâce au soutien de l'électorat de droite et à la légitimité de la primaire http://www.slate.fr/story/139475/elites-droite-contre-droite-de-masse , il reste dans une position très fragile et n'est pas assuré d'être au second tour. Y arriverait t-il que sa victoire contre Macron ou Mélenchon n'est pas acquise .

Le PS a aussi fait une primaire suite à la renonciation d'Hollande qui a débouché sur la victoire de Hamon. Candidat d'une gauche assez libertaire, fédéraliste et multiculturaliste ainsi qu'écologiste et qu'anti productiviste , Hamon a logiquement trouvé un accord avec EELV. Cependant , l'entre deux tour a été marqué par le même phénomène que nous avons vu pour Fillon. La fracture au sein de son parti s'est élargie ensuite d'autant qu'Hamon à la différence de Fillon avait dès le départ des mauvais scores dans les sondages et ne pouvait donc pas faire miroiter postes et ministère pour tenir ses opposants (vu qu'il n'était pas au second tour). L'aile droite du PS et le gros des cadres sont donc partis chez Macron , les électeurs partant selon leurs inclinaisons chez Macron ou chez Mélenchon. Hamon lutte actuellement pour faire plus de 5 pour cent et sa campagne vient d'achever sauf coup de théâtre le PS .

Macron parlons en . Ex ministre libéral de François Hollande, il apparaît comme un candidat qui allie un très clair libéralisme économique, un relatif libéralisme sociétal et une profonde adhésion philosophique au libéralsime (dont témoigne sa conception de la France comme une nation startup ). Ceci est la seule constante de Macron qui sinon fait un programme mélangeant libéralisme économique , mesures attrape tout et fédéralisme européen. Il a aussi un certain talent pour dire à chacun ce qu'il veut entendre. Il a aspiré tous les électeurs et les cadres du centre droit et du centre gauche qui ne se reconnaissaient ni en Fillon ni en Hamon ainsi qu'un électorat voulant "du renouvellement mais sans voter pour les extrêmes".  Enfin, il tient grâce à une ambition extrême (les initiales de son mouvement sont celles de son nom) alors que son parti amalgame une tripotée de jeunes loups aux dents longues et des vieux chevaux de retour de la politique (Cohn-Bendit, Hue , Madelin et Lepage). Lisez cela pour mieux comprendre http://www.slate.fr/story/134492/macron-populisme-elites . Son but : être élu . Si Macron ne passe pas le premier tour , son mouvement pourra n'avoir été qu'un météore fugitif aussi.

Enfin, Mélenchon : Il a tracé peu à peu son sillon commençant par rallier bon gré mal gré la gauche radicale (PCF et Ensemble) à sa candidature. Il s'est appuyé sur son socle de 2012 et a articulé une offre nouvelle remplaçant le concept de gauche par celui de peuple (inspiré par la philosophe Chantal Mouffe). Il a donc dépassé Hamon , renversant à son profit l'argument du vote utile et a créé quelque chose qui n'était pas arrivé depuis les années 1970 ( une gauche vraiment à gauche mais ayant un discours non gauchiste sur les questions sécuritaires et internationales , une gauche qui a su également évoluer par rapport aux années 1970 en prenant en compte les débats sur l'immigration et l'intégration , l'écologie ou encore les évolutions autour de la nation de l'Europe ou de la mondialisation). Cette gauche peut arriver au second tour si le vote utile pour Mélenchon érode encore la base d'Hamon ou que cette gauche arrive à reconquérir une plus grande part de l'électorat ouvrier passé au FN. Des liens : http://www.slate.fr/story/143618/et-si-jean-luc-melenchon-etait-le-seul-pouvoir-battre-marine-le-pen et http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/04/11/31001-20170411ARTFIG00090-entretien-exclusif-avec-chantal-mouffe-la-philosophe-qui-inspire-melenchon.php

Passons aux autres candidats:

Nicolas Dupont Aignan qui incarnait la tradition gaulliste souverainiste s'est nettement droitisé allant jusqu'à parler d'invasion migratoire et débordant Marine Le Pen sur sa droite. Son programme est souverainiste, plus à droite que l'UMP sur les questions sociétales , beaucoup plus à droite sur l'immigration que l'UMP et un chouia plus social. Il est le seul autre candidat à pouvoir dépasser les 5 pour cent.

Asselineau connu pour ses cours de droit constitutionnel en meeting et ses militants hyper actifs sur Internet représente un courant souverainiste pur qui se structure petit à petit avec les élections et dont il sera intéressant de voir combien il pèse aux élections http://www.slate.fr/story/140330/asselineau-upr-enfants-maastricht

LO garde vivante la flamme d'un marxisme ouvriériste et orthodoxe sans nouer de lien avec d'autres organisations . Cela les cantonne à un score limité , leur assure grâce à des militants dévoués et nombreux de se présenter à toutes les élections avec un discours qui ne change jamais. Les moines copistes de LO attendent et continuent à militer en espérant le Grand Soir http://fightclubnpa.blogspot.fr/2012/05/la-bibliotheque-de-lutte-ouvriere.html

Le NPA était un courant trotskiste moins ouvriériste et plus mouvementiste que LO. C'est désormais une organisation intersectionnelle , engagée dans toutes les luttes , d'un gauchisme absolu et dont les clips font plus penser à un mouvement anarchiste bizarre qu''à un parti politique https://www.youtube.com/watch?v=rzO_QIv3BUc

Enfin , Jean Lassalle . Je ne connais pas son programme et le peu que j'en ai vu me donne moyennement envie de voter pour lui. Mais son parcours de vie est assez exceptionnel et il apporte une fraîcheur qui m'ont fait étrange. Je ne sais pas combien fera Lassalle mais rien que pour cela j'ai envie de lui dire merci de s'être présenté (et il peut gratter des électeurs démocrates chrétiens ou régionaliste).
à mardi pour mes prévisions , mon analyse des seconds tours possibles et mon vote ainsi que les raisons de mon vote


P;S : J'ai oublié Cheminade et je pense que c'est à l'image de sa campagne. Son discours m'a très peu marqué et je me suis surtout rappelé de son sourire étrange pendant tout le débat . Il avait parfois de bonnes idées dommage qu'il soit lié à Lyndon LaRouche.

P.PS : Mon pronostic est le suivant Marine Le Pen entre 22 et 24 pour cent , Mélenchon ou Fillon entre 20 et 22 pour cent.
Macron à 18 pour cent. Hamon à 6 pour cent , Dupont Aignan à 4 pour cent les autres entre un demi point et un point et demi.

Pour ma part , je voterais Mélenchon et je vous invite à voter pour lui. Pourquoi ? Car il s'agit du seul candidat de gauche qui propose une rupture avec le néolibéralisme permettant de traiter les urgences sociales et écologiques, qui peut gouverner et qui représente une gauche progressiste mais non gauchiste sur les question snon économiques et sociales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire